Café corsé pour Dure journée... [PV Jeanne]

Bip. Bip. Bip.

Un bruit électronique fichtrement frustrant me réveilla ce matin.
Comme tous les matins. Toujours affalée sur mon lit les yeux fermés, je cherchais de la main mon réveil, qui était quelque part sous mes nombreux oreillers bien moelleux. Oreillers sur lesquels j'aruait voulu passer toute la journée... mais non, fallait que je me réveille, parce que les grasses mat' pendant la semaine, c'est déconseillé pour un professeur. Les internes de Night School, même quand ils n'avaient pas cours, devaient se lever; les professeur de même, donc. Le bruit du réveil devenait de plus en plus fort, de plus en plus agaçant. Je poussais un grognement, et finalement mes doigts rencontrèrent l'objet. J'appuyais avec énervement sur le bouton rouge qui arrêta illico le bruit qui chaque matin me tapait sur les nerfs. Je restais étalée sur le ventre, le visage enfoui dans les coussins, ainsi pendant un quart d'heure au moins. Ce laps de temps écoulé, je me levais avec la lenteur d'un zombie. Crac. Craaaac. Craaaaaaccccrrrr. A chacun de mes mouvement, je sentais mes os craquer. Mmmh... Vive les nuits trop agitées. Sur mon lit, une respiration forte attira mon attention; dans un coin de mon lit, une bosse s'élevait, redescendait, s'élevait de nouveau.. Mokona dormait en dessous, avec ce ronflement aïgu caractéristique.
Je m'étirais avec un frisson; je n'avais même pas pris le temps hier soir, ou devrais-je dire tôt ce matin, de me changer. J'avais juste pris la peine d'enlever mes habits pour m'étendre sur mon lit en sous vetements, pour m'endormir sur le champs. Un sommeil qui ne dura qu'à peine une heure, et encore...
Je m'avançais lentement vers ma glace, et scrutait le tatouage qui se trouvait sous ma poitrine gauche. Il me brûlait encore, et lorsque je regardais mes yeux, j'y décelais encore une touche de rouge se perdant dans le bleu océan. Mon dieu, j'avais vraiment une sale tête ce matin. Scorpio avait encore fait des siennes hier soir... Quoi de plus normal après tout, puisque nous étions un soir de pleine lune. Aaaaah, les pleines lunes. Affreux. Je prenais tout simplement la forme d'une grosse bebête poilue, et me nourrissait de toute viande susceptible d'être commestibles. Mmmh, maintenant que j'arrivais à me souvenir de la plupart de ce que Scorpio faisait lorsqu'elle prenait possession de mon corps, je peux vous dire que des choses commestibles, y en a beaucoup dans le menu de Misa Loup Garou. Pas très gai toussah. Enfin, là, Scorpio s'était tellement épuisée cette nuit, que là elle ne pronnonçait pas un mot dans ma tête. Tant mieux; je serais tranquille pour plusieurs heures sûrement.
Après une bonne douche glaciale, j'enfilais pour aujourd'hui -tout de noir- un corset accompagné d'une jupe courte, de longues bottes gothiques à semelles compensées par dessus un collant rayé noir et blanc, et mes inséparables mitaines de cuir noir. J'attachais soigneusement mes fines couettes arrières comme d'habitude, et enfilais tout mon paquet de bracelets, bagues, chaînes, croix et compagnie, avec à mon cou un collier à pics. Un très léger fond de maquillage... Ey hop. J'ouvrais la porte de ma chambre avec lenteur, et Mokona, qui s'était réveillé, aterrit en un unique bond sur mno épaule. J'étais prête à aller effrayer les autres professeurs avec mon style particulièrement gothique. C'est vrai que je n'avais vraiment pas la tête à enseigner le combat... Mais bon, tant pis. Ils allaient devoir s'y habituer ! C'est donc d'un pas las que je me dirrigeais vers la salle à manger, mes chaînes s'entrechoquant en de nombreux cliquetis métalliques. Les élèves à mon passage souvent se retournaient.. Quoi, ils n'avaient jamais vu un professeur féminin gothique ? Je ne leur adressais aucun sourire radieux en retour, j'étais bien trop crevée pour ça...
Mokona le remarqua rapidement, et, se penchant à mon oreille, il m'adressa quelques mots. C'est en un grognement que je lui répondis.

- Misa, t'as vu un peu comment ils te regardent ? Te laisse pas faire !
- Rhoo j'men contrefous, Mokona.. Ils pensent ce qu'ils veulent...


Une fois arrivée à la cafet', je m'approchais de la table des professeurs, qui me jettèrent un coup d'oeil légèrement surpris, pour la plupart. Bon aussi, je devais avoir un peu une tête de déterrée, après un bon café que je me servis dans une petite tasse, je devrais aller un peu mieux. Mokona, quant à lui, descendit de mon épaule, pour atterrir par terre. Il n'était pas encombrant, mais je ne préférais pas le garder devant la table, par respect.
Je bus une gorgée, les yeux fermés, savourant la chaleur et l'odeur revigorante du matin.

Blop Blop … Blop Blop …

Elle cligna des yeux plusieurs fois. Elle se sentait mal, fatiguée … Misère. Où est-ce qu'elle était cette fois-ci ? Elle prit le temps de prendre une grande bouffée d'air afin de s'analyser avant tout.

*Allé Jeanne, courage, tu ne peux pas avoir fait pire que la dernière fois*

Elle referma les yeux, bougea les bras, vérifiant que tout fonctionnait. C'était sa forme adulte, elle le sentait. Puis elle serra les dents avant de se mettre en boule … et de faire craquer tous les os possibles et imaginables dans son corps.
Fichtrement mouvementées, ces dernières lunes. Et que des souvenirs floues : Elle se souvenait avoir quitté le bar pour atteindre la forêt avant la tombée de la nuit. De s'être déshabillé et d'avoir mit ses vêtements dans un arbre habituel, où elle devait aller les chercher … Puis après, vague souvenir de s'être transformé en loup. D'avoir courut. C'est à peu près tout. Et ça, ça la terrorisait : De ne pas savoir. Elle savait qu'elle avait mangé et bu, vu qu'elle n'avait ni faim ni soif … Et elle frissonnait à l'idée qu'elle ignorait ce qui se trouvait dans son estomac. Cela faisait deux nuits, qu'elle ne se souvenait de rien. Et on ose mal s'imaginer ce qu'on a fait, quand on ne se souvient de rien. La dernière fois, elle avait traversé un lac, tué un animal et … saccagé une grange, sans s'en rappeler. Et ne lui demandait pas ce qui peut causer ça, ce n'est pas censé être possible. Quelque chose, ces temps-ci, devait la distraire, pour qu'elle puisse perdre le contrôle sous sa forme de loup. Elle secoua la tête et se concentra sur ce qui l'entourait. La dernière fois, elle s'était réveillée dans la grange à moitié détruite … Et était partie sans savoir quoi faire. Là, elle avait un peu peur de regarder. De savoir où elle était. Le sol était carrelé ...
Ne me dites pas que …
Jeanne poussa la porte devant elle, qui tourna lentement sur ses gonds. Les toilettes. Elle était dans les toilettes de l'école. Non, rectification : Elle avait démoli les toilettes de l'école ! Jeanne se leva d'un bond, affolé. Et si quelqu'un l'avait vu ?! Non, on l'aurait emmenée ailleurs … On l'aurait réveillée. Diable, comment avait-elle fait ça ? Un tuyau pendait du plafond, laissant gouter de l'eau sur le sol inondé.
Blop Blop … Blop Blop …
Les portes avaient toutes survécues, ce qui n'était pas le cas des miroirs. Les lavabos était en miettes, à par un. Zut, on allait savoir que c'était elle … Comment allait-elle expliquer ça ? Un sort qui aurait mal tourné ? Non, elle n'aurait jamais perdu le contrôle d'un sort puissant. Et elle ne l'aurait pas fait dans les toilettes. Jeanne se mordilla la lèvre inférieur. Sa magie s'activa, englobant tout son corps de flammes pourpres. Elle se remémora tous ses sorts et lança un sort de transmutation, ainsi qu'un sort d'effacement. Avec ça, ses empreintes devraient disparaître, et ses poils -de loup- se transformer en eau. Puis elle créa une cape rouge, de mauvaise qualité, juste assez pour atteindre sa chambre et ensuite un sort de lévitation pour quitter les toilettes. Une vague de fatigue l'envahit, mais c'était encore supportable : Elle avait vécu pire. Elle trottina jusqu'à l'étage des chambres, se faisant passer pour sa forme de seize -il n'y avait, après tout, que dix centimètres d'écart entre les deux.
Elle activa sa magie et posa la main sur sa porte qui s'ouvrit. Jeanne l'avait enchantée, à son arrivé, pour qu'elle ne s'ouvre qu'à contact de sa magie. Même pas besoin d'un sort ! Elle déboula dans sa chambre et verrouilla sa porte. Pour glisser en bas de celle-ci … Qu'avait-elle fait ? A peine deux mois qu'elle était-là, et elle faisait déjà de la casse. Et si c'était cette école, qui lui posait un problème ? (vive la présence des ténèbres qui pose un problème, oui xD). Puis un cri perçant déchira la quiétude de la chambre : Karlyn. Le beau phoenix aux plumes de feu était posé sur son perchoir, et fixait anxieusement son amie. Jeanne se ressaisit et se leva pour aller le caresser. Ses plumes douces pour elle, et pourtant brûlante pour quiconque essayerait de les toucher, lui semblaient apaisantes. Sachant pertinamment l'intelligence de son compagnon, et aussi son don pour savoir quand elle allait mal, elle lui expliqua ce qui s'était passé. Karlyn poussa des petits cris stridents, exprimant autant d'inquiétude aux événements qui s'étaient déroulés que Jeanne. Elle finit par lui demander de l'attendre pendant qu'elle prennait une douche, et s'habillait … convenablement.
8h30 …
Juste le temps de prendre un café bien corsé, et c'était parti pour une journée de cours. Et surtout, elle ne devait plus penser à ce qu'elle avait fait -surtout aux sort de camouflage et d'effacement. La jeune fille ressortit, ébranlé par son début de journée assez dure. Karlyn se posa sur son épaule et la jeune lycanthrope referma ensuite la porte. Elle reprit son allure souple et discrète de sa forme adulte, qui est beaucoup plus lente que celle d'adolescente.
Garder son calme, Garder son calme …
Elle descendit les marches de l'escalier pour aller au rez-de-chaussée. Pour une fois, elle ne regarda pas le décor magnifique de Night School, mais plutôt ses pieds. Un petit tour devant le miroir lui avait apprit qu'elle avait un air de perdu : Les yeux écarquillés, des cernes immenses, un teint pâle … C'est bon Jeanne ! Tu as déjà fait pire dans ta vie, alors pourquoi t'inquiètes-tu de pauvre toilette ? Bon, d'accord, elle avait perdu pour la deuxième fois le contrôle d'elle-même … C'était plutôt inquiétant.
Une fois devant la porte de la salle à manger, elle la poussa automatiquement et pénétra dans la salle. Le joyeux brouaha habituel la réconforta, il lui semblait si … normal. Karlyn quitta son épaule pour survoler gracieusement la salle et se poser sur son perchoir favorie : L'immense lustre de la salle qui donnait une vue parfaite sur la table des profs. Jeanne alla s'assoir à la première chaise qui se présenta à elle et se prit un café dans l'une des petites tasses. Elle aspira une grande bouffée du délicieux arôme avant d'en boire une gorge. C'était chaud, amer, et terriblement réconfortant. Elle remarqua à peine la jeune fille devant elle, habillé en gothique. Misa Amane, il lui semblait … Professeur de combat au corps à corps.
Puis la porte claqua quand un autre prof rentra :

-He, tout le monde, vous avez vu les toilettes des filles ?! Elles sont en miettes !

Et mer...credi. Jeanne faillit s'étrangler en avalant de travers. Pfft, elle espérait quoi, que personne n'allait le voir ? Le Brouhaha se tue, et seule la jeune fille toussait encore faiblement, ponctué des petits cris inquiets de son compagnon ..
Voyez-vous, cela, c'est une journée qui commence très mal.

Jeanne touillait son café sans vraiment y prêter attention. Elle était foutue. Elle n'avait pas l'argent pour réparer les toilettes, et serait sûrement virée. Où irait-elle alors ? Elle pourrait essayer de retrouver Lionnel et Dymitrie, mais ça serait sûrement peine perdu ! Depuis le temps, ils avaient dû bouger ... Enfin, peut-être. Des professeurs rentraient et sortaient en trombe, hurlaient que c'était un carnage, qu'un monstre était passé par-là. Oh que oui, il y avait eu un monstre, et il s'appelait Jeanne !
La jeune fille sentait les regards peser sur elle, comme une accusation sourde. Était-ce son imagination ? Elle n'allait certainement pas relever la tête pour vérifier. Un professeur se leva à côté d'elle, pour poser son plateau au sort de nettoyage magie le plus vite possible et ainsi observer ces fameuuuuses toilettes. Jeanne eut soudain envie de tout foutre en l'air, de se lever, et de transformer en brochettes, quitte à tomber les vapes, tous ceux qui l'en empêcherait. Puis il y eu un claquement d'électricité dans l'air, soulevant tous ses poils de bras. Un looong frisson lui parcourut son dos, comme à chaque fois qu'elle était en contact avec de l'électricité. Elle releva la tête pour voir apparaître le compagnon de Misa, une sorte de boule de poils blanche tout à fait mignonne ... Jeanne sentit ses paupières se fermer petit à petit, elle était si fatiguée ... Elle replongea toute sa concentration dans son café, pendant que la boule de poils débitait un monologue qui lui semblait incompréhensible. Mais le geste brusque de Misa, quand elle le souleva de table, lui attira un petit regard de sa part. Bwarf, les nouvelles n'avaient pas dû être bonne ! C'est là que Jeanne remarqua : Cette femme avait des cernes immenses, des yeux aux reflets un peu rouge, et une allure de zombie. Jeanne plissa les yeux, cela ressemblait trop à ses symptômes pour être un coïncidence. Elle n'avait jamais porté grande attention aux autres professeurs, peut-être même que tout le monde savait qu'elle était un loup-garou, et pas elle ? En tout cas, Jeanne but une dernière gorgé de café avant de se lever. Elle se dirigea vers le sort de nettoyage, posa sa tasse pendant que Karlyn vint se poser sur son épaule avec un petit cri aigus. Il était agité, avec sa longue queue de feu qui fouettait l'air.
Jeanne sortit de la salle en ignorant sublimement les regards, insistants ou tout simplement intrigués. Bien, tout le monde semblait la soupçonner, donc tout le monde allait savoir qu'elle était loup-garou. C'était décidé, aujourd'hui, elle prenait une journée de congé... Elle rasa les murs, comme à son habitude, même si le fait que Karlyn pousse des cris ne la rendait pas très discrète.

-Bon sang Karlyn, qu'est-ce que t'as ? marmonna Jeanne.

L'oiseau poussa un cri suraigus, quelque chose entre du désespoir et de l'impuissance. Jeanne poussa un soupir avant de lui dire de faire comme d'habitude : Il noircit les murs avec sa queue en formant des mots, que Jeanne fait disparaitre avec les avoir lu. Karlyn bondit sur le premier mur et commença à former des mots avec la cendre de ses flammes.
"Misa est une loup-garou"
Jeanne plissa les yeux, et répliqua qu'elle le savait déjà, en faisant disparaitre par magie les traces. Mais Karlyn continua :
"Peut-être a-t-elle le même problème"
Jeanne mit quelques secondes avant de comprendre la phrase mal écrite. Puis elle écarquilla les yeux ! Elle grogna vers Karlyn qu'elle ne pouvait pas aller lui parler de ça, qu'elle allait la dénoncer. Mais elle ne pouvait nier que l'idée était alléchante, de savoir si elle, elle avait les même problèmes ... et si elle avait trouvé un moyen de le dompter. Jeanne effaça sans y prêter attention les derniers marques de cendres, puis Karlyn se reposa sur son épaule en recommençant à se dandiner. Lui, il était inquiet de voir ce qui arrivait à Jeanne ... Ils s'étaient rencontrés dans une forêt, un jour, dans le pays des lycanthrope ou Jeanne l'avait sauvé d'une horde de fermiers qui hurlaient "A mort le Phœnix ! A mort le phœnix !". Et quand elle avait réussi à avoir des explications, on lui répondit qu'il avait brûlé la moitié d'un champ. Jeanne avait eu pitié du pauvre animal extrêmement maigre à l'époque, et avait répondu qu'elle s'occupait de lui et de son châtiment. Elle avait mis un temps fou à convaincre Karlyn qu'elle ne lui ferait pas de mal, mais par la suite, il lui fut tellement reconnaissant qu'il ne l'avait plus quitté. Si c'était à lui d'essayer de la sauver ...
Il s'envola dans le couloir vers les salles de classes. Jeanne lui glapit de revenir, connaissant trop bien son compagnon pour ignorer son but ! Elle commença à lui courir après, même si essayer de rattraper un phœnix était peine perdu.

-Karlyn ! Karlyn revient !

Quand elle se retrouva devant les escaliers, elle fut forcé d'utiliser un sort d'envol, extrêmement couteux en énergie, pour suivre son compagnon. Quand elle arriva en haut, Karlyn toujours en vu, elle sentit ses jambes plier. Elle reprit son souffle, épuisée, pendant que ses jambes flageolaient. Elle continua d'avancer, s'appuyant contre les murs, jusqu'au moment où elle aperçut Misa avec un phœnix sur-excité qui lui tournait autour. Aie

-Excusez-moi, Mademoiselle Amane ... Mon compagnon est étrange depuis ce matin.

Cette déclaration arracha un cri de protestation au Phœnix, mais quand Jeanne lui lança son regard ultime, il vint docilement se poser sur son épaule. Elle s'excusa auprès de Misa, avec un Karlyn penaud, et commença à se détourner.